Soutra
du Diamant :
Le
Soutra du Diamant.
(vajracchedika
sutra)
Voici
ce que j'entendis :
Le Seigneur Bouddha séjournait dans le royaume de Shravasti
; il demeurait dans le Bosquet Jetavana que Anatha-pindika avait offert.
La Communauté, et douze cent cinquante moines expérimentés
se trouvaient rassemblés autour de lui. [...]
Le Vénérable Subhuti se leva au milieu de l'assemblée
et plaça sa robe de telle sorte que son épaule droite
soit découverte, s'agenouilla sur son genou droit, joignit
les paumes des mains et s'inclinant respectueusement devant le Seigneur
Bouddha, prononça les paroles suivantes :
- Bienheureux, Gloire des Mondes, notre Seigneur bien-aimé
! Puisse votre miséricorde s'exercer sur nous afin que vous
preniez soin de nous et nous donniez une bonne instruction.
Le Seigneur Bouddha répondit à Subhuti :
- En effet, je prendrai soin de tous les Bodhisattva-Mahasattva et
leur donnerai la meilleure instruction.
Subhuti reprit :
- Gloire des Mondes ! Nous sommes très heureux d'entendre votre
instruction sacrée. Dites-nous ce que nous devons répondre
lorsque des hommes et des femmes pieux viendront nous demander comment
ils doivent commencer la pratique pour atteindre la plus haute sagesse
parfaite (Anuttara-samyak-sambodhi). Que leur dirons-nous ? Comment
s'y prendront-ils pour calmer leur esprit mouvant et maîtriser
leurs pensées d'attachement ? Le Seigneur Bouddha répondit
à Subhuti :
- Tu as posé une bonne question, Subhuti. Ecoute attentivement,
je vais répondre à ta question de façon que toute
la Communauté comprenne. Lorsque des hommes et des femmes pieux
désirant commencer la pratique vers la plus haute sagesse viendront
vers vous, il leur suffira de suivre ce que je vais vous exposer et
très vite, ils pourront maîtriser leurs pensées
discriminatoires et leurs désirs d'attachements, et seront
ainsi capables d'atteindre la parfaite tranquillité de l'esprit
Le
Seigneur Bouddha s'adressa alors à l'assemblée :
Tous les êtres dans le monde, en commençant par les plus
hauts Bodhisattvas-Mahasattvas devraient appliquer ce que je vais
vous enseigner, car cet enseignement apportera la délivrance
à tous, qu'ils soient issus d'un uf, formés dans
une matrice, développés à partir du frai d'un
poisson ou produits par une métamorphose, avec ou sans forme
possédant ou ne possédant pas de facultés mentales
ou bien en étant à la fois pourvus et dépourvus
ou même, n'en étant ni pourvus ni dépourvus, et
les conduira au Parfait Nirvana. Bien que les êtres sensibles
que je devrais libérer soient innombrables et sans limite,
toutefois, en réalité, il n'y a aucun être sensible
à libérer. Et pourquoi, Subhuti ? Parce que s'il existait
dans l'esprit des Bodhisattvas-Mahasattvas des conceptions arbitraires
de phénomènes telles que l'existence de sa propre individualité
ego, de l'individualité ego des autres, personnalité
divisée en un nombre infini d'êtres vivants ou mourants,
ou unifiée dans un Soi universel existant de toute éternité,
ils ne mériteraient pas le nom de Bodhisattvas-Mahasattvas.
De plus, Subhuti, les Bodhisattvas-Mahasattvas, en enseignant le Dharma
aux autres, devraient d'abord être eux-mêmes libres de
toute pensée d'attachement éveillée par la vue
de choses agréables, par les sons plaisants, les saveurs délicieuses,
les parfums suaves, le toucher doux et les pensées séduisantes.
Dans leur pratique de la charité, ils ne devraient être
influencés par aucun de ces phénomènes agréables.
Pourquoi ? Parce que, si dans leur pratique de la charité,
ils ne sont pas influencés par de telles choses, ils réaliseront
des bienfaits et des mérites inestimables et inconcevables.
[...]
Le
Seigneur Bouddha continua :
- Lorsqu'un Bodhisattva-Mahasattva commence la pratique qui mène
à la plus haute sagesse parfaite (Anuttara-samyak-sambodhi),
il doit abandonner aussi tout attachement à des conceptions
arbitraires concernant les phénomènes. Lorsqu'il est
engagé dans le processus de pensée, il devrait définitivement
exclure toute pensée rattachée aux phénomènes
de la vue, du son, du goût, de l'odorat, du toucher et toutes
discriminations fondées sur elles, conservant ainsi ses pensées
indépendantes de telles conceptions arbitraires des phénomènes.
L'esprit est dérangé par ces discriminations des concepts
des sens et les conceptions arbitraires qui en résultent et,
lorsqu'il est ainsi dérangé, l'esprit tombe dans les
imaginations fausses telles que l'idée d'un "soi"
et de ses relations avec les autres individualités. [...]
- Subhuti, si un Bodhisattva-Mahasattva, en pratiquant la générosité,
conçoit dans son esprit l'un quelconque de ces concepts arbitraires,
se distinguant des autres, il sera comme un homme qui se promène
dans l'obscurité et ne voit rien. Mais si le Bodhisattva-Mahasattva,
dans sa pratique de la générosité, n'a aucune
conception arbitraire concernant les bienfaits ou mérites qu'il
obtiendra par une telle pratique, il sera comme une personne qui a
de bons yeux et voit clairement toutes choses comme dans la claire
lumière du soleil. Si, dans les temps futurs, il se trouvait
un disciple pieux, homme ou femme, capable d'étudier et d'observer
fidèlement ces Ecritures, sa réussite et sa réalisation
de bienfaits et mérites inestimables et illimités seront
instantanément connues et appréciées par l'il
Transcendant du Tathagata. [...]
- Subhuti, lorsqu'un disciple est porté à faire des
dons objectifs par générosité, il devrait aussi
pratiquer la perfection de l'éthique (Sila Paramita) de la
bienveillance sans ego, c'est-à-dire qu'il devrait se rappeler
qu'il n'y a pas de distinction arbitraire entre son propre "soi"
et celui des autres et que, en conséquence, il doit pratiquer
la générosité en donnant non seulement des dons
objectifs mais aussi le don sans ego de la bienveillance et de la
compassion. Si un disciple pratique simplement cette bienveillance,
il atteindra rapidement la plus haute sagesse parfaite (Anuttara-samyak-sambodhi).
[...]
Le Seigneur Bouddha rendit cela encore plus explicite en disant :
- Subhuti, lorsque des disciples commencent la pratique en vue d'atteindre
la plus haute sagesse parfaite (Anuttara-samyak-sambodhi), ils devraient
donc voir, percevoir, savoir, comprendre et réaliser que toutes
les choses et tous les Dharmas sont des "non-choses", et,
pour cette raison, ils ne devraient concevoir dans leur esprit
aucune conception quelle qu'elle soit.
Fin de l'extrait.
mani
padme hum